Page 17 - Les tabernacles du Québec des XVIIe et XVIIIe siècles
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ill. 1
Sculpteur
non identifié
Ancien Tabernacle
de Bonaventure,
avant 1792
Musée acadien
du Québec
à Bonaventure

En sculpture ancienne, le tabernacle compte parmi les objets de culte les plus importants et les mieux
protégés. Meuble sacré par excellence du culte catholique romain, on lui porte une attention toute
particulière, comme pour les vases sacrés et les reliquaires. Il n’est pas rare de trouver dans les récits
historiques des paroisses et des communautés religieuses du Québec des références à des sauvetages
d’incendies où, après avoir récupéré les Saintes Espèces, on a sauvé des flammes le tabernacle. S’il
devient excédentaire en raison de changements apportés au décor de l’église ou de la chapelle, on
songera d’abord à le transmettre à une autre fabrique de paroisse ou à une communauté dans le besoin
avant de le faire disparaître.

En 1797, l’abbé Philippe-Jean-Louis Desjardins (1753-1833) fait ainsi « raccommoder » à l’Hôpital
Général de Québec trois tabernacles que son frère Louis-Joseph (1766-1848), également membre
du clergé, doit faire transporter dans la baie des Chaleurs, en Gaspésie, pour meubler de nouvelles
églises3. L’un de ces trois tabernacles nous est parvenu. Présent dans l’église de Bonaventure durant
des décennies, il est dorénavant exposé au Musée acadien du Québec (ill. 1). Au début des années
1880, soit quelques années après la construction de sa troisième église, la paroisse Saint-Jean-Baptiste
de Deschaillons cède son tabernacle du maître-autel, œuvre de François-Noël Levasseur (1703-1794),
à la paroisse voisine de Sainte-Philomène de Fortierville nouvellement fondée (ill. 2). Installé dès le
départ dans une chapelle temporaire, le tabernacle occupe encore aujourd’hui le même lieu puisque
cette chapelle est devenue par la suite la sacristie de l’église actuelle.

3. Archives de l’Hôpital Général de Québec, Journal des recettes et dépenses, 24 octobre 1797 : « Reçus de Mr Desjardins Vicaire général
du Diocése pour parfaits païement des ouvrages qu’il à fait faire pour les Eglise, dans l’abaïe des chaleurs, pour façon de dorer et
pindre en partie trois tabernacle quatre Cent Livre, pour la ménuserie pour les raccommoder Soixante dix livre, pour fourniture de
Cinquante Cinq livrêts dor atrois livre six Sols, et quatre livrets d’argent à vingt Sols Cent quatre vingt Cinq livre dix Sols, pour
dentelle d’argent, ferrures, et autres fourniture trente livre sept Sols, entout pour Six Cent quatre vingt Cinq livre dix sept Sols
685 # 17 s ». Transcription tirée de PORTER, John R., L’art de la dorure au Québec du xviie siècle à nos jours. Québec,
Éditions Garneau, 1975, p. 136.

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