Page 33 - Les tabernacles du Québec des XVIIe et XVIIIe siècles
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p d’envoi à la réalisation d’un inventaire photographique de grande qualité qui embrasse la totalité
des tabernacles québécois des xviie et xviiie siècles encore existants. Ces quatre-vingt-quatre meubles
liturgiques s’inscriront finalement dans une trame plus large intégrant des fragments oubliés, des
relevés anciens, des photographies documentaires et des pièces d’archives illustrant l’importance
patrimoniale de nos tabernacles anciens et témoignant de leur fragilité.
Une approche originale, intelligente et respectueuse
Malgré l’importance de sa contribution scientifique, notre tandem ne prétendra jamais avoir réinventé
la roue, privilégiant plutôt une approche historiographique respectueuse à l’égard de tous ceux et
celles qui, avant eux, se seront intéressés à nos tabernacles anciens. Tout en rendant crédit à leurs
devanciers, Drouin et Payer ont eu l’intelligence de tirer parti d’un matériel documentaire et visuel
très varié, ce qui leur a permis de combler les vides et de soulever des questions opportunes dans
la perspective d’une compréhension optimale de leur objet d’étude. De même se sont-ils fait un
devoir de faire appel à un pionnier de l’art ancien du Québec comme Gérard Lavallée pour appuyer
leurs propositions de reconstitution de sections de tabernacles endommagés. Une telle initiative s’est
révélée d’autant plus opportune que l’auteur de l’ouvrage Anciens ornemanistes et imagiers du Canada-
français (1968) a toujours plaidé pour une approche rigoureuse dans l’observation et l’analyse des
œuvres de même que dans la gestion des sources qui s’y rapportent, approche aux antipodes des
raccourcis faciles et des hypothèses farfelues.
L’entreprise du tandem Drouin-Payer a aussi le mérite de nous rappeler le rôle essentiel joué par
différentes institutions québécoises dans la conservation et la mise en valeur de notre patrimoine.
En matière de sculpture ancienne – et sans qu’on nous accuse de faire un plaidoyer pro domo ! – force
est de reconnaître l’engagement soutenu et exemplaire d’une institution comme le MNBAQ. Que
l’on pense au sauvetage d’un ensemble majeur comme celui de L’Ange-Gardien, au développement
des connaissances découlant de l’exposition Le Grand Héritage en 1984, à la portée pédagogique,
dix ans plus tard, de l’exposition Restauration en sculpture ancienne, à la faveur d’un partenariat avec le
CCQ, ou encore à l’hommage rendu par le Musée aux artistes de la capitale en 2008 à l’occasion de la
manifestation Québec : une ville et ses artistes. Le grand public a alors pu apprécier de façon tangible les
fruits des recherches et des travaux menés par Claude Payer sur l’ancien tabernacle de Sainte-Anne-de-
la-Pérade, chef-d’œuvre de Pierre-Noël Levasseur521 et exemple éloquent du rôle crucial des paroisses
en matière de commandes, de conservation et de transmission.
Du même souffle, on ne peut qu’être admiratif à l’égard de la sensibilité patrimoniale de communautés
religieuses comme les Augustines et les Ursulines de Québec ou les Sœurs Grises de Montréal.
En janvier 2000, ces dernières acceptaient de faire don au MNBAQ de l’ancien maître-autel de leur
maison mère, pièce majeure du sculpteur-ornemaniste Philippe Liébert. En toute confiance, elles ont
misé sur le Musée pour en assurer la conservation et la restauration au bénéfice des générations futures.
De fait, j’allais deux ans plus tard donner le coup d’envoi à une entreprise de grande envergure qui
521. C’est à l’invitation d’Yves Lacasse que Claude Payer a alors accepté de rédiger un essai sur cet artéfact exceptionnel. Incidemment,
l’ami Lacasse me pardonnera sans doute de signaler au passage que Pierre-Noël Levasseur est son aïeul en ligne directe par son
grand-père maternel. À plus de deux siècles et demi de distance, il serait exagéré de parler de conflit d’intérêts!
224 • Les tabernacles du Québec des xviie et xviiie siècles
des tabernacles québécois des xviie et xviiie siècles encore existants. Ces quatre-vingt-quatre meubles
liturgiques s’inscriront finalement dans une trame plus large intégrant des fragments oubliés, des
relevés anciens, des photographies documentaires et des pièces d’archives illustrant l’importance
patrimoniale de nos tabernacles anciens et témoignant de leur fragilité.
Une approche originale, intelligente et respectueuse
Malgré l’importance de sa contribution scientifique, notre tandem ne prétendra jamais avoir réinventé
la roue, privilégiant plutôt une approche historiographique respectueuse à l’égard de tous ceux et
celles qui, avant eux, se seront intéressés à nos tabernacles anciens. Tout en rendant crédit à leurs
devanciers, Drouin et Payer ont eu l’intelligence de tirer parti d’un matériel documentaire et visuel
très varié, ce qui leur a permis de combler les vides et de soulever des questions opportunes dans
la perspective d’une compréhension optimale de leur objet d’étude. De même se sont-ils fait un
devoir de faire appel à un pionnier de l’art ancien du Québec comme Gérard Lavallée pour appuyer
leurs propositions de reconstitution de sections de tabernacles endommagés. Une telle initiative s’est
révélée d’autant plus opportune que l’auteur de l’ouvrage Anciens ornemanistes et imagiers du Canada-
français (1968) a toujours plaidé pour une approche rigoureuse dans l’observation et l’analyse des
œuvres de même que dans la gestion des sources qui s’y rapportent, approche aux antipodes des
raccourcis faciles et des hypothèses farfelues.
L’entreprise du tandem Drouin-Payer a aussi le mérite de nous rappeler le rôle essentiel joué par
différentes institutions québécoises dans la conservation et la mise en valeur de notre patrimoine.
En matière de sculpture ancienne – et sans qu’on nous accuse de faire un plaidoyer pro domo ! – force
est de reconnaître l’engagement soutenu et exemplaire d’une institution comme le MNBAQ. Que
l’on pense au sauvetage d’un ensemble majeur comme celui de L’Ange-Gardien, au développement
des connaissances découlant de l’exposition Le Grand Héritage en 1984, à la portée pédagogique,
dix ans plus tard, de l’exposition Restauration en sculpture ancienne, à la faveur d’un partenariat avec le
CCQ, ou encore à l’hommage rendu par le Musée aux artistes de la capitale en 2008 à l’occasion de la
manifestation Québec : une ville et ses artistes. Le grand public a alors pu apprécier de façon tangible les
fruits des recherches et des travaux menés par Claude Payer sur l’ancien tabernacle de Sainte-Anne-de-
la-Pérade, chef-d’œuvre de Pierre-Noël Levasseur521 et exemple éloquent du rôle crucial des paroisses
en matière de commandes, de conservation et de transmission.
Du même souffle, on ne peut qu’être admiratif à l’égard de la sensibilité patrimoniale de communautés
religieuses comme les Augustines et les Ursulines de Québec ou les Sœurs Grises de Montréal.
En janvier 2000, ces dernières acceptaient de faire don au MNBAQ de l’ancien maître-autel de leur
maison mère, pièce majeure du sculpteur-ornemaniste Philippe Liébert. En toute confiance, elles ont
misé sur le Musée pour en assurer la conservation et la restauration au bénéfice des générations futures.
De fait, j’allais deux ans plus tard donner le coup d’envoi à une entreprise de grande envergure qui
521. C’est à l’invitation d’Yves Lacasse que Claude Payer a alors accepté de rédiger un essai sur cet artéfact exceptionnel. Incidemment,
l’ami Lacasse me pardonnera sans doute de signaler au passage que Pierre-Noël Levasseur est son aïeul en ligne directe par son
grand-père maternel. À plus de deux siècles et demi de distance, il serait exagéré de parler de conflit d’intérêts!
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