Page 28 - Les tabernacles du Québec des XVIIe et XVIIIe siècles
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ill. 70
Sculpteur québécois
non identifié
Saint Jean de Dieu,
vers 1700
St Andrews West
(Ontario), fabrique
de Saint Andrew

Ce meuble liturgique remarquable présente une organisation architecturale inédite  en Nouvelle-France.
La colonnade habituelle est absente142. Au lieu des colonnes, quatre cariatides thuriféraires en surplis prennent
place aux angles de l’armoire supérieure. Celle-ci, surmontée d’une balustrade et d’une niche à trois pans,
forme la masse principale qui est solidement ancrée entre deux ailerons à volutes. Des têtes d’angelots animent
également les reliquaires bombés qui sont repoussés aux extrémités des gradins. Sur les prédelles, d’élégants
rinceaux d’acanthe et de roses se déploient de part et d’autre de médaillons ovales ornés de croix (ill. 69). Les
reliquaires ont de nos jours perdu leurs couronnements et, au sommet, la niche centrale n’a conservé que son
dôme à imbrication143. D’autres éléments architecturaux ont également disparu, comme le laisse à penser la
présence de queues d’aronde visibles sur le dessus des entablements. Malgré ces modifications flagrantes
et en dépit des surpeints qui cachent la dorure d’origine appliquée à la détrempe et empâtent les formes,
l’ensemble impressionne par la richesse de l’iconographie et de l’ornementation, baroque à souhait144.
Chose peu commune, les trois niches du corps principal logent encore de nos jours les statuettes d’origine.
Au centre, sur la porte de l’ostensoir, le Bon Pasteur témoigne de la mission des Hospitaliers. À droite, Saint
Augustin rappelle que les frères, à l’instar des Hospitalières de Saint-Joseph, des Augustines et d’autres
communautés religieuses de Nouvelle-France, suivent la Règle de l’évêque d’Hippone. À gauche, un moine

142. La réserve eucharistique, en retrait par rapport au premier gradin, constitue une autre particularité. De plus, sa porte est surmontée
d’une tablette rétractable servant à recevoir l’ostensoir lors de l’exposition du Saint Sacrement.

143. La niche supérieure à trois pans, à peine visible sous le dôme, a été raccourcie à une date inconnue.
144. Une reconstitution hypothétique a été publiée dans MACRAE, Marion et Anthony ADAMSON, Hallowed Walls. Church Architecture

of Upper Canada. Toronto, Clarke, Irwin & Company, 1975, p. 24. Contrairement à ces auteurs, nous ne croyons pas que des
colonnes occupaient autrefois l’espace des cariatides.

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