Page 4 - Au-delà des mots - Recueil sur le deuil périnatal
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delà des mots Recueil sur le deuil périnatal

Tout comme les émotions, les réactions vont être différentes. Plusieurs
facteurs conditionnent les réactions. La grossesse était-elle planifiée ? Désirée ?
Acceptée ? Avez-vous vu le fœtus à l’échographie ? Entendu son cœur ? Tous
ces éléments aident à tisser des liens avec l’enfant, ce qui peut rendre sa perte
plus difficile. Il n’est pas rare, si la perte survient au début de la grossesse,
que le père semble « s’en remettre » plus rapidement que la mère. La grossesse
étant moins concrète pour lui, il est plus inquiet des réactions de la mère que
des siennes.

D’ailleurs, comment réagissent les pères ?

Les pères sont habitués à être actifs, à régler des problèmes. Souvent, ils se sentent
impuissants. Ils ne peuvent rien faire, rien régler. En colère, tristes, ils cachent
leur peine afin de gérer le quotidien. Ils prennent soin de leur conjointe, ils
prennent des décisions, entre autres par rapport aux rituels de deuil.

Leur congé de deuil, s’il existe, est très court. Ils retournent au travail
rapidement. Souvent, ils disent se sentir « comme des robots, vides en dedans,
coupés de tous ». Au travail, on leur demande « Comment va ta femme ? » et
rarement « Comment vas-tu ? », ce qui les encourage à se taire. Rapidement, ils
peuvent se sentir à l’écart de ce que vit la mère et même se sentir isolés.

Les pères sont plus nombreux à faire face au deuil en contrôlant leurs
émotions et en passant à l’action. Par le travail, le sport, les pères fuient leur peine.
Il est facile pour certains de nier l’importance de cet événement dans leur vie.
Ils passent par-dessus ou encore ils cherchent des solutions. D’aucuns vont vouloir
concevoir rapidement un autre enfant. D’autres encore vont consommer alcool
et drogue pour faire taire leur douleur. Si ce type de consommation devient
une source de tension dans le couple, il est important de chercher de l’aide.

Comment réagissent les mères ?

Pendant ce temps, les mères vivent différents changements dans leur corps :
montée de lait, changements hormonaux, etc. Il est parfois difficile de faire la
différence entre la fatigue de la période postnatale et celle qui accompagne une
dépression. Il est normal pour les mères de se sentir vides, seules, et d’avoir
l’impression que leur corps les a laissées tomber. Si elles sont en congé de
deuil, elles peuvent passer de longues heures à se questionner : « Pourquoi
ai-je perdu cet enfant ? » « Pourquoi moi et pourquoi nous ? » « Vais-je pouvoir
avoir un enfant un jour ? » « Quand ? » « Suis-je une bonne mère ? »

Plus que les pères, les mères se préoccupent de façon extrême de toutes
sortes de choses : les causes du décès, leur fertilité. Elles se centrent sur leur
perte et veulent en parler. Elles vont donc plus facilement chercher de l’aide.

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