Page 23 - Le parc des Laurentides
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chetées et les lacs du parc pour dégager des données précises sur L’étude de Vladykov aborde les effets de la coupe et du flottage du bois
les aménagements nécessaires afin d’assurer la conservation d’une sur l’environnement du parc et sur la truite mouchetée. Les répercussions
espèce d’importance capitale pour le parc. Pour ce faire, le ministère des activités d’exploitation forestière des papetières dans le parc
subventionne la construction et les activités d’une station biologique se traduisent par la présence réduite des conifères par rapport aux feuil-
sur les bords du Grand lac Jacques-Cartier, sous la responsabilité lus comme le bouleau blanc, diminuant le couvert végétal de surface qui
de l’Institut de biologie (zoologie) de l’Université de Montréal et d’un conserve l’humidité plus longtemps et réduit la hausse des températures
chercheur ichtyologue de réputation internationale, Vadim D. Vladykov, de l’eau provoquée par l’exposition au soleil. De plus, les arbres tombés
professeur à l’Université de Montréal. et les branches coupées nuisent aux frayères de la truite. Le flottage
du bois intervient à plusieurs titres : les barrages à la décharge des
La station est inaugurée le 29 juin 1938, et son programme de recherche lacs élèvent le niveau de l’eau au printemps et au début de l’été pour
s’étend sur quatre années. Un rapport synthèse de 1942 en détaille faciliter le flottage et le réduisent près de la normale le reste de l’an-
les principales conclusions et présente une bonne partie des données née. De plus, lors du flottage, l’eau extrait beaucoup d’acide tannique
recueillies sur les lacs du parc49. Il s’en dégage un portrait clair et nuancé et d’autres contaminants qui colorent les truites et empêchent l’éclosion
du milieu de vie des truites mouchetées et des effets des conditions des fretins. Également, l’accumulation des billots à la décharge dérange
environnementales naturelles et artificielles qui influencent la taille et les les poissons et peut les tuer. Les écarts de niveau et le maintien des eaux
caractéristiques des populations. Les analyses confirment ce que les à une température plus froide rendent difficile le développement des
pêcheurs constatent sur le terrain : la consommation très majoritaire plantes aquatiques, réduisant la productivité en nourriture et retardant
de larves d’insectes piqueurs, soit les mouches noires et les marin- la croissance des truites.
gouins, ou de larves de libellules ainsi que, dans la partie centrale
du parc, de la mouche à scie de l’épinette et de sa larve. Les truites Dans son évaluation de l’état de la population des truites, Vladykov
consomment également de grandes quantités de plancton, y compris dégage plusieurs constats alarmants, tout particulièrement
de minuscules crustacés. la réduction importante du nombre de truites de grande taille qui
faisaient la renommée du parc. L’étude et les activités de la station
Même si la truite mouchetée est l’espèce dominante du parc, elle doivent s’interrompre en 1941, au moment où elle débouchait sur
partage les eaux de certains lacs avec la truite grise, ou touladi, qui des moyens pratiques pour améliorer la pêche et augmenter la taille
la chasse. L’absence des espèces de poissons plus agressifs du sud des truites pouvant être pêchées. Pour l’essentiel, Vladykov recom-
du Québec lui assure toutefois un environnement propice à sa survie mande une véritable gestion scientifique active des populations
en grand nombre et lui permet d’atteindre une taille exceptionnelle de truites mouchetées. Dans les années suivantes, les recherches
à l’échelle nord-américaine, d’où son attrait exceptionnel pour les se poursuivent sur la faune aquatique du parc dans le cadre des
pêcheurs les plus enthousiastes. projets du service de biologie du ministère et de chercheurs affiliés
à des institutions universitaires.
49. Vadim D. Vladykov, Étude des lacs du Parc des Laurentides, 1938-1941, Québec,
Office de biologie du ministère de la Chasse et de la Pêche, 1942, tomes 1 et 2.
Chapitre 3. Un parc accessible par la route, 1930-1960 125
les aménagements nécessaires afin d’assurer la conservation d’une sur l’environnement du parc et sur la truite mouchetée. Les répercussions
espèce d’importance capitale pour le parc. Pour ce faire, le ministère des activités d’exploitation forestière des papetières dans le parc
subventionne la construction et les activités d’une station biologique se traduisent par la présence réduite des conifères par rapport aux feuil-
sur les bords du Grand lac Jacques-Cartier, sous la responsabilité lus comme le bouleau blanc, diminuant le couvert végétal de surface qui
de l’Institut de biologie (zoologie) de l’Université de Montréal et d’un conserve l’humidité plus longtemps et réduit la hausse des températures
chercheur ichtyologue de réputation internationale, Vadim D. Vladykov, de l’eau provoquée par l’exposition au soleil. De plus, les arbres tombés
professeur à l’Université de Montréal. et les branches coupées nuisent aux frayères de la truite. Le flottage
du bois intervient à plusieurs titres : les barrages à la décharge des
La station est inaugurée le 29 juin 1938, et son programme de recherche lacs élèvent le niveau de l’eau au printemps et au début de l’été pour
s’étend sur quatre années. Un rapport synthèse de 1942 en détaille faciliter le flottage et le réduisent près de la normale le reste de l’an-
les principales conclusions et présente une bonne partie des données née. De plus, lors du flottage, l’eau extrait beaucoup d’acide tannique
recueillies sur les lacs du parc49. Il s’en dégage un portrait clair et nuancé et d’autres contaminants qui colorent les truites et empêchent l’éclosion
du milieu de vie des truites mouchetées et des effets des conditions des fretins. Également, l’accumulation des billots à la décharge dérange
environnementales naturelles et artificielles qui influencent la taille et les les poissons et peut les tuer. Les écarts de niveau et le maintien des eaux
caractéristiques des populations. Les analyses confirment ce que les à une température plus froide rendent difficile le développement des
pêcheurs constatent sur le terrain : la consommation très majoritaire plantes aquatiques, réduisant la productivité en nourriture et retardant
de larves d’insectes piqueurs, soit les mouches noires et les marin- la croissance des truites.
gouins, ou de larves de libellules ainsi que, dans la partie centrale
du parc, de la mouche à scie de l’épinette et de sa larve. Les truites Dans son évaluation de l’état de la population des truites, Vladykov
consomment également de grandes quantités de plancton, y compris dégage plusieurs constats alarmants, tout particulièrement
de minuscules crustacés. la réduction importante du nombre de truites de grande taille qui
faisaient la renommée du parc. L’étude et les activités de la station
Même si la truite mouchetée est l’espèce dominante du parc, elle doivent s’interrompre en 1941, au moment où elle débouchait sur
partage les eaux de certains lacs avec la truite grise, ou touladi, qui des moyens pratiques pour améliorer la pêche et augmenter la taille
la chasse. L’absence des espèces de poissons plus agressifs du sud des truites pouvant être pêchées. Pour l’essentiel, Vladykov recom-
du Québec lui assure toutefois un environnement propice à sa survie mande une véritable gestion scientifique active des populations
en grand nombre et lui permet d’atteindre une taille exceptionnelle de truites mouchetées. Dans les années suivantes, les recherches
à l’échelle nord-américaine, d’où son attrait exceptionnel pour les se poursuivent sur la faune aquatique du parc dans le cadre des
pêcheurs les plus enthousiastes. projets du service de biologie du ministère et de chercheurs affiliés
à des institutions universitaires.
49. Vadim D. Vladykov, Étude des lacs du Parc des Laurentides, 1938-1941, Québec,
Office de biologie du ministère de la Chasse et de la Pêche, 1942, tomes 1 et 2.
Chapitre 3. Un parc accessible par la route, 1930-1960 125