Page 22 - 1792 : À main levée
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yonné de Réal Godbout
En carriole, le voyage entre Montréal et Québec prend deux jours à l’époque. Le 6 janvier 1834, Run Off the Road in a
Louis-Joseph Papineau écrit à Julie, son épouse, que les chemins d’hiver n’ont pas été de tout repos : Blizzard, vers 1861
Cornelius Krieghoff
Venons au voyage. Les chemins étaient affreux ; les chevaux, fouettés et épuisés. Pauvres chevaux !
Mais le voyageur, qui est dans une voiture fermée, qui entend siffler le vent, mais qui n’en est pas pénétré, Huile sur toile
qui se nourrit de ses propres pensées, bonnes ou mauvaises, sans redouter l’ennui de la solitude, Musée des beaux-arts
n’en souffre pas. Non, mais quand il chavire du haut d’un épais banc de neige sur la glace dure et nue qui
est à côté, certes je sais bien où j’aimerais mieux tomber. Mais ces chutes qui m’ont bossé au front n’étaient de l’Ontario
pas la seule misère qu’il y eût à essuyer : c’est que le Viger que vous, mesdames, avez qualifié du surnom
de beau, quand je veux ne le reconnaître que sous celui de gros Viger, était de tout son poids de son
corps et de tout l’engourdissement de ses membres, étendu sur moi, chétif, et qu’il faut un quart d’heure,
avec les efforts de LaFontaine, Girouard et le driver pour le palanquer avant que je puisse commencer
à respirer. C’est arrivé de même trois fois avant le premier moment de plaisir que j’ai eu en route, celui
de rejoindre notre vieux doyen, n’est-ce pas, M. Bourdages, qui était à nous attendre à Berthier depuis
une heure de temps.
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En carriole, le voyage entre Montréal et Québec prend deux jours à l’époque. Le 6 janvier 1834, Run Off the Road in a
Louis-Joseph Papineau écrit à Julie, son épouse, que les chemins d’hiver n’ont pas été de tout repos : Blizzard, vers 1861
Cornelius Krieghoff
Venons au voyage. Les chemins étaient affreux ; les chevaux, fouettés et épuisés. Pauvres chevaux !
Mais le voyageur, qui est dans une voiture fermée, qui entend siffler le vent, mais qui n’en est pas pénétré, Huile sur toile
qui se nourrit de ses propres pensées, bonnes ou mauvaises, sans redouter l’ennui de la solitude, Musée des beaux-arts
n’en souffre pas. Non, mais quand il chavire du haut d’un épais banc de neige sur la glace dure et nue qui
est à côté, certes je sais bien où j’aimerais mieux tomber. Mais ces chutes qui m’ont bossé au front n’étaient de l’Ontario
pas la seule misère qu’il y eût à essuyer : c’est que le Viger que vous, mesdames, avez qualifié du surnom
de beau, quand je veux ne le reconnaître que sous celui de gros Viger, était de tout son poids de son
corps et de tout l’engourdissement de ses membres, étendu sur moi, chétif, et qu’il faut un quart d’heure,
avec les efforts de LaFontaine, Girouard et le driver pour le palanquer avant que je puisse commencer
à respirer. C’est arrivé de même trois fois avant le premier moment de plaisir que j’ai eu en route, celui
de rejoindre notre vieux doyen, n’est-ce pas, M. Bourdages, qui était à nous attendre à Berthier depuis
une heure de temps.
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