Page 4 - Vers la mer
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C'est ainsi qu'au fil de l'eau, au fil des rivières, au fil des falaises, au fil des ans, au fil des rogations
et litanies on nomma les pays du Bas-Saint-Laurent et de la Gaspésie.
Donner des noms, c'est plus que donner un repère sur une carte : c'est sacrer un lieu, lui attribuer
une origine, un visage, une mémoire. Le décrire.
Donner un nom à un lieu, c’est bâtir une histoire, c'est assurer une pérennité. Mettre un mot sur
un val, une anse, une baie, une montagne, une rivière, une vallée, c'est écrire de la poésie sur
l'eau, dans l'herbe de la plaine, sur les strates de la falaise, au flanc de la montagne, sur le marbre
poli de nos mémoires.
Présenter un ami, ce n'est pas dire d'abord son origine, son histoire, sa taille, sa force… C'est, avant
tout, dire son nom. Présenter un pays, c’est décliner ses noms. C'est l'appeler de ses mille noms.
Le Bas-Saint-Laurent, qui devient Gaspésie quelque part quand le fleuve n'est plus d'eau douce
sans être encore tout à fait mer, c'est ce coin de pays du Québec qui offre en vrac, à celles et ceux
qui y vivent ou aux autres qui s'y livrent l'espace de vacances, le doux et le salé, le récif et le sable
fin, la plaine et la montagne, le troupeau paisible qui broute l'herbe des prés et le troupeau fossile
du caribou des bois, la vague caressante de Kamouraska ou de Penouille et la lame furieuse qui
harcèle et défigure patiemment le cap de la Vieille.
Aller vers la mer, au fil des pages comme au fil de l'eau, c'est lire l'histoire des femmes et des
hommes de ce pays. Ils ont été témoins, et continuent de l'être, du va-et-vient séculaire qui a
façonné et alimenté le cœur du continent.
Regarder les photographies de Claude Bouchard et de Robert Baronet, se laisser atteindre par leur
beauté, aller de l'une à l'autre, revenir pour revoir, c'est comme faire des pas de géant, c'est comme
sautiller d'un caillou à l'autre et traverser un gué ricaneur.
C'est découvrir tout un coin de pays !
Yvan Landry,
Gaspé
et litanies on nomma les pays du Bas-Saint-Laurent et de la Gaspésie.
Donner des noms, c'est plus que donner un repère sur une carte : c'est sacrer un lieu, lui attribuer
une origine, un visage, une mémoire. Le décrire.
Donner un nom à un lieu, c’est bâtir une histoire, c'est assurer une pérennité. Mettre un mot sur
un val, une anse, une baie, une montagne, une rivière, une vallée, c'est écrire de la poésie sur
l'eau, dans l'herbe de la plaine, sur les strates de la falaise, au flanc de la montagne, sur le marbre
poli de nos mémoires.
Présenter un ami, ce n'est pas dire d'abord son origine, son histoire, sa taille, sa force… C'est, avant
tout, dire son nom. Présenter un pays, c’est décliner ses noms. C'est l'appeler de ses mille noms.
Le Bas-Saint-Laurent, qui devient Gaspésie quelque part quand le fleuve n'est plus d'eau douce
sans être encore tout à fait mer, c'est ce coin de pays du Québec qui offre en vrac, à celles et ceux
qui y vivent ou aux autres qui s'y livrent l'espace de vacances, le doux et le salé, le récif et le sable
fin, la plaine et la montagne, le troupeau paisible qui broute l'herbe des prés et le troupeau fossile
du caribou des bois, la vague caressante de Kamouraska ou de Penouille et la lame furieuse qui
harcèle et défigure patiemment le cap de la Vieille.
Aller vers la mer, au fil des pages comme au fil de l'eau, c'est lire l'histoire des femmes et des
hommes de ce pays. Ils ont été témoins, et continuent de l'être, du va-et-vient séculaire qui a
façonné et alimenté le cœur du continent.
Regarder les photographies de Claude Bouchard et de Robert Baronet, se laisser atteindre par leur
beauté, aller de l'une à l'autre, revenir pour revoir, c'est comme faire des pas de géant, c'est comme
sautiller d'un caillou à l'autre et traverser un gué ricaneur.
C'est découvrir tout un coin de pays !
Yvan Landry,
Gaspé