Page 3 - Insectes des arbres du Québec
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tréal est restée proche de la nature. 7
Ou plutôt, la nature est restée proche d’elle.

À part ses fameux escaliers extérieurs en colimaçon et quelques figures plus ou moins iconiques et symboliques que ses
intimes peuvent facilement repérer, comme le mât du Stade olympique, la tour de l’Université de Montréal ou le dôme de
l’oratoire Saint-Joseph, peut-être aussi la croix du mont Royal et, pour certains, la lourde silhouette du pont Jacques-Cartier,
Montréal a peu d’images qui, au premier coup d’œil, la distinguent vraiment. Prises une à une, la plupart évoqueront, tout
aussi bien que Montréal, quelque autre lieu du monde. Cette étroite venelle, ce large boulevard bordé de métal hurlant, ce
marché de fruits et de fleurs ou ce concessionnaire automobile, ce gentil bungalow de banlieue ou cet arrogant gratte-ciel,
tout un chacun pourrait en effet appartenir à quelque grande ou petite ville d’Europe, d’Amérique latine ou même d’Asie
ou d’Océanie.

Tant dans son architecture et son aménagement que dans sa démographie, Montréal forme donc une vaste et vibrante
mosaïque. La plupart de ses édifices et de ses monuments, comme ses gens, ont des parents qui leur ressemblent un peu partout
dans le monde. Ville protéiforme, Montréal est capable, comme nulle autre, de ressembler, sous certains angles, à la fois à
Edimbourg et à Barcelone, à Hong Kong, Santiago, Prague ou Pittsburgh, Paris, Vancouver ou Lisbonne ou Port-au-Prince…

Ce qui distingue Montréal, c’est qu’elle s’est réellement approprié toutes ces images et tous ces visages, avec ce qu’ils ont
de normand, de chinois, de toscan, de californien, de scandinave, de maghrébin, avec tout ce qui à travers eux rappelle
d’autres lieux, d’autres cieux. Et ces images et ces visages, elle les a liés étroitement, amalgamés, formant un kaléidoscope
qui, à travers d’infinies combinaisons de paysages évocateurs, parfois franchement exotiques, parfois étrangement familiers,
révèle sa vraie nature, sa vérité, son génie rassembleur. Montréal, c’est un état d’esprit, ce sont des ambiances particulières
que Linda Turgeon a su saisir avec une maîtrise remarquable dans les photos ici réunies qu’accompagnent les légendes
toujours pertinentes et bien documentées de Rose Élise Cialdella.

À Montréal, il y a du beau – on frôle parfois même le sublime – et du laid – voire de l’affreux – du richissime et du misérable,
de l’authentique et du pur toc, du vieux et du neuf – souvent fait avec du vieux. Mais on ne trouvera pas de vice caché.
Ou si peu. Montréal n’a pas beaucoup de pudeur. Elle se laisse voir. De partout et à tous moments, dans tous ses états,
sous toutes ses couleurs et ses coutures.

Et c’est toujours Montréal, une moyenne grande ville sur une île d’un puissant fleuve aux eaux vives et douces, avec en
son milieu une montagne. Comme site, on pouvait difficilement rêver mieux.
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