Page 5 - Architectures d'exposition
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vres dans les galeries de l’Altes Museum, et son bâtiment r
comporte aussi un système de chauffage à air chaud. À la Fig. 10 Grande Galerie,
Vieille Pinacothèque de Munich, Klenze éclaire la galerie Musée du Louvre, Paris.
c entrale par une série de grands puits de lumière. À la Grande
Galerie du Louvre, l’installation d’un éclairage zénithal était PHOTO : MARC GRIGNON, 2007
envisagée depuis la fin du xviiie siècle, même si elle n’a fina
lement été réalisée qu’en 1938 (fig. 10). Mais chez Soane, la
création d’ambiances physiques variées passe au premier plan
de la conception architecturale : les contrastes de température
et d’éclairage à l’intérieur sont mis au service du « caractère »
– un principe qui renvoie à la capacité d’un bâtiment à créer
les ambiances correspondant à sa fonction.
Aux xxe et xxie siècles q Fig. 11 Frank Lloyd Wright, Musée Guggenheim, New York, 1959.
La Strawberry Hill House et l’architecture de Soane consti- PHOTO : MARC GRIGNON, 1999
tuent des précurseurs assez directs de ce qui deviendra une
caractéristique majeure de nombreux musées au xxe siècle. q Fig. 12 Renzo Piano, Menil Collection, Houston, Texas, 1987.
Cette tendance ne correspond que partiellement au « nouveau
principe » que Pevsner définit comme la recherche d’une archi- PHOTO : WHISPERTOME, 2008, DOMAINE PUBLIC, SUR WIKIMEDIA COMMONS,
tecture muséale plus strictement axée sur l’étude et la [COMMONS.WIKIMEDIA.ORG/WIKI/FILE:MENILCOLLECTION.JPG], 29 AVRIL 2015
contemplation des œuvres16. En outre, la distinction que nous
proposons diffère de celle entre le musée comme « monument » l’ouverture du bâtiment, notamment à cause du plancher incliné
et le musée comme « instrument » établie par Michaela et des dimensions limitées des surfaces d’accrochage. Mais
Giebelhausen17. D’une manière tout à fait pertinente, Giebel l’importance accordée à la lumière naturelle, l’ouverture et la
hausen inclut dans son histoire des musées les grandes halles fluidité générale de l’espace de même que le caractère intime
d’exposition du xixe siècle, comme le Crystal Palace de 1851, des alcôves révèlent une recherche aboutie de création
pour la flexibilité d’aménagement qu’elles permettent, et la d’ambiances – des caractéristiques qui ont été bien prises en
recherche de neutralité par rapport aux œuvres exposées. Mais compte dans l’agrandissement du musée par Gwathmey Siegel
en mettant l’accent sur l’idée d’ambiance et d’environnement, & Associates en 1992.
nous considérons que cette recherche d’un caractère archi-
tectural relativement neutre – Giebelhausen donne le Museum Dans cette lignée moderniste, axée sur les ambiances épu-
of Modern Art de New York (Philip L. Goodwin et Edward rées, un des musées les plus réussis est sans aucun doute celui
Durell Stone, 1939) à titre d’exemple paradigmatique – ne de la Menil Collection (1987) à Houston, au Texas, conçu par
constitue qu’une des possibilités dans une palette qui est l’architecte Renzo Piano (1937- ). Ici, les salles d’exposition sont
en fait beaucoup plus étendue. illuminées par un système d’ailerons suspendus faisant partie
intégrante de la toiture de tout le bâtiment, et qui déborde
Les progrès techniques sur le plan de l’éclairage naturel et même au-delà pour créer des portiques à l’extérieur (fig. 12).
artificiel, du chauffage et de la climatisation pendant la première
moitié du xxe siècle ont eu des répercussions immenses sur
l’architecture des musées. Le Museum Boijmans Van Beuningen
de Rotterdam (1936-1937), conçu par Ad van der Steur (1893-
1953), est reconnu comme l’un des premiers musées à orches-
trer ce contrôle environnemental de manière complètement
moderne18. Il est important de souligner que c’est aussi un
bâtiment où la technique est mise au service de l’ambiance
et où la variété des éclairages de source naturelle contribue
à enrichir l’expérience des œuvres.
L’explosion du nombre de musées à partir des années 1950
nous oblige à poursuivre notre aperçu historique de façon très
schématique, avec un choix d’exemples qui relève surtout d’une
appréciation personnelle. Signalons tout d’abord l’extraordi-
naire Musée Guggenheim de New York (1959) conçu par Frank
Lloyd Wright (1867-1959), où le vieux thème de la rotonde est
complètement transfiguré (fig. 11). Il est bien connu que la
galerie en spirale a suscité des difficultés et des critiques dès
Architectures d’exposition au Québec Marc Grignon | 7
comporte aussi un système de chauffage à air chaud. À la Fig. 10 Grande Galerie,
Vieille Pinacothèque de Munich, Klenze éclaire la galerie Musée du Louvre, Paris.
c entrale par une série de grands puits de lumière. À la Grande
Galerie du Louvre, l’installation d’un éclairage zénithal était PHOTO : MARC GRIGNON, 2007
envisagée depuis la fin du xviiie siècle, même si elle n’a fina
lement été réalisée qu’en 1938 (fig. 10). Mais chez Soane, la
création d’ambiances physiques variées passe au premier plan
de la conception architecturale : les contrastes de température
et d’éclairage à l’intérieur sont mis au service du « caractère »
– un principe qui renvoie à la capacité d’un bâtiment à créer
les ambiances correspondant à sa fonction.
Aux xxe et xxie siècles q Fig. 11 Frank Lloyd Wright, Musée Guggenheim, New York, 1959.
La Strawberry Hill House et l’architecture de Soane consti- PHOTO : MARC GRIGNON, 1999
tuent des précurseurs assez directs de ce qui deviendra une
caractéristique majeure de nombreux musées au xxe siècle. q Fig. 12 Renzo Piano, Menil Collection, Houston, Texas, 1987.
Cette tendance ne correspond que partiellement au « nouveau
principe » que Pevsner définit comme la recherche d’une archi- PHOTO : WHISPERTOME, 2008, DOMAINE PUBLIC, SUR WIKIMEDIA COMMONS,
tecture muséale plus strictement axée sur l’étude et la [COMMONS.WIKIMEDIA.ORG/WIKI/FILE:MENILCOLLECTION.JPG], 29 AVRIL 2015
contemplation des œuvres16. En outre, la distinction que nous
proposons diffère de celle entre le musée comme « monument » l’ouverture du bâtiment, notamment à cause du plancher incliné
et le musée comme « instrument » établie par Michaela et des dimensions limitées des surfaces d’accrochage. Mais
Giebelhausen17. D’une manière tout à fait pertinente, Giebel l’importance accordée à la lumière naturelle, l’ouverture et la
hausen inclut dans son histoire des musées les grandes halles fluidité générale de l’espace de même que le caractère intime
d’exposition du xixe siècle, comme le Crystal Palace de 1851, des alcôves révèlent une recherche aboutie de création
pour la flexibilité d’aménagement qu’elles permettent, et la d’ambiances – des caractéristiques qui ont été bien prises en
recherche de neutralité par rapport aux œuvres exposées. Mais compte dans l’agrandissement du musée par Gwathmey Siegel
en mettant l’accent sur l’idée d’ambiance et d’environnement, & Associates en 1992.
nous considérons que cette recherche d’un caractère archi-
tectural relativement neutre – Giebelhausen donne le Museum Dans cette lignée moderniste, axée sur les ambiances épu-
of Modern Art de New York (Philip L. Goodwin et Edward rées, un des musées les plus réussis est sans aucun doute celui
Durell Stone, 1939) à titre d’exemple paradigmatique – ne de la Menil Collection (1987) à Houston, au Texas, conçu par
constitue qu’une des possibilités dans une palette qui est l’architecte Renzo Piano (1937- ). Ici, les salles d’exposition sont
en fait beaucoup plus étendue. illuminées par un système d’ailerons suspendus faisant partie
intégrante de la toiture de tout le bâtiment, et qui déborde
Les progrès techniques sur le plan de l’éclairage naturel et même au-delà pour créer des portiques à l’extérieur (fig. 12).
artificiel, du chauffage et de la climatisation pendant la première
moitié du xxe siècle ont eu des répercussions immenses sur
l’architecture des musées. Le Museum Boijmans Van Beuningen
de Rotterdam (1936-1937), conçu par Ad van der Steur (1893-
1953), est reconnu comme l’un des premiers musées à orches-
trer ce contrôle environnemental de manière complètement
moderne18. Il est important de souligner que c’est aussi un
bâtiment où la technique est mise au service de l’ambiance
et où la variété des éclairages de source naturelle contribue
à enrichir l’expérience des œuvres.
L’explosion du nombre de musées à partir des années 1950
nous oblige à poursuivre notre aperçu historique de façon très
schématique, avec un choix d’exemples qui relève surtout d’une
appréciation personnelle. Signalons tout d’abord l’extraordi-
naire Musée Guggenheim de New York (1959) conçu par Frank
Lloyd Wright (1867-1959), où le vieux thème de la rotonde est
complètement transfiguré (fig. 11). Il est bien connu que la
galerie en spirale a suscité des difficultés et des critiques dès
Architectures d’exposition au Québec Marc Grignon | 7